Ce matin,
La Châtelaine avait décidé à aller à l'hôpital où elle désire accoucher (site pilote pour l'accouchement sur le côté : le CHI Villeneuve Saint Georges) pour s'inscrire puisque les joindre par téléphone ou email semble impossible au vu des centaines de tentatives ratées.
Donc la voici partie en voiture. C'est un hôpital perché sur une colline abrupte, un très gros hosto. Avec 15 parkings qui s'échelonnent tout au long de la côte. Elle en a essayé au moins les deux tiers, en ne se garant pas à la première place que trouvée car "
ah non, ca a l'air trop loin de l'entrée de l'hôpital". Remarque complètement débile puisque l'hôpital étant en travaux, on ne distingue pas vraiment où est l'entrée principale. Elle aurait dû garder cette place...
(la Châtelaine est vraiment diminuée physiquement et tente d'économiser chacun de ses pas)
5 ou 6 parkings suivants, elle finit tout en haut de la côte (au-dessus de l'hôpital), et tout au bout du parking.
Elle descend, croise quelqu'un qui lui indique l'entrée, et là, évidemment, elle se rend compte de sa bêtise d'il y a 20 min de ne pas s'être garée vraiment à PROXIMITE de cette fichue entrée.
Il faut monter 50 marches, mais avant les marches, il y a un petit module en préfabriqué où est placardé "accueil patients - contentieux". Là, elle sait qu'elle ne se trouve pas au bon endroit, mais sait-on jamais, si elle monte les 50 marches et qu'après on lui dit qu'elle les a montées pour rien...
Elle rentre, prend un ticket. Il fait chaud, elle est assise, il n'y a pas la queue, tout est parfait. Au pire,
ce sera une petite pause avant la montée des marches.
En effet, le type du guichet lui annonce qu'elle n'est pas au bon endroit pour s'inscrire à la maternité, et indique gentiment le labyrinthe à suivre pour y arriver. En effet, il faut monter ces 50 marches.
La pause valait donc le coup.
La Châtelaine entreprend donc la montée, puis se pète le ventre en tirant deux énormes portes bien lourdes pour pénétrer enfin dans l'hôpital. Elles doivent être en verre blindé.
Elle va, comme indiqué par le gentil monsieur qu'elle n'était pas censée rencontrer car n'étant en contentieux avec personne (encore), au fond de l'allée principale et trouve les ascenseurs. Qu'elle est longue cette allée...
On attend les ascenseurs debout, car pas de siège, alors qu'il a beaucoup de place devant ces ascenseurs. Mais pourquoi donc ne peut-on pas s'asseoir???
Elle se demande si elle va pouvoir arriver entière au 5ème étage. Mais si, elle y arrive.
Ahhhhhhhhh la couleur
rose des couloirs de maternité, dans tous les hôpitaux c'est pareil ou quoi? Ici, les gens ont l'air beaucoup moins triste. Il y a des
gros ventres qui se promènent (bien
plus gros que le sien d'ailleurs) sans avoir de difficultés semble-t'il. Alors que
la Châtelaine se traîne plus qu'elle ne marche, un peu de jalousie pointe son nez...
Elle finit par trouver un mini guichet d'accueil de 60 cm de large, après avoir lu les inscriptions diverses et variées sur les 15 portes qui l'ont précédé. Pourquoi n'y a t'il pas une grande pancarte "Inscription / accueil" évitant toute cette lecture fastidieuse ?
Pas de queue, c'est une chance. Des affiches collées tout autour du mini comptoir conseillent aux gens d'avoir de la patience et d'être poli avec le personnel de l'hôpital... aie aie aie...
La Châtelaine prend son plus beau sourire (
il en restait un dans son sac après toute cette fatigue physique) et demande si elle peut s'inscrire à la maternité.
"Ah non, vous n'êtes pas dans le secteur... "
En gardant le sourire,
la Châtelaine persiste en argumentant,
"L'Hôpital de J..... a fermé, et maintenant vous êtes la maternité la plus proche de mon domicile. "
La dame se renseigne dans le bureau occulte caché derrière elle, encore un cagibi
rose habité par des dames en blouse rayée
rose et
blanche, et revient avec une réponse POSITIVE.
"Mais oui, c'est vrai, maintenant on accepte les personnes de votre commune"... Ah et bien grand soulagement, au moins, tous ces pénibles déplacements n'auront pas été faits pour rien.
Bon, après, évidemment,
la Châtelaine n'avait pas tous les papiers requis, elle ne pouvait pas revenir le lendemain (
pas question de recommencer la visite touristique des parkings ni la montée des marches sans tapis rouge), oui, elle va les scanner et les envoyer à leur adresse email de laquelle on obtient jamais de réponse mais sait-on jamais, faire confiance...
Un rendez-vous? Oui, bien sûr, mais pas avant le septième mois. OK, donc il va falloir se trouver en plus un autre gynéco plus accessible que celui qu'on avait trouvé fort pratique en face du bureau à juste 10 min de marche. Sauf qu'on n'avait pas pensé que la durée de marche augmente exponentiellement avec l'avancement de la grossesse, et que désormais, le temps de marche triple. Aller chez ce gynéco devient donc impossible.
Bref,
la Châtelaine est tout de même satisfaite mais crevée. Elle reprend le couloir en sens inverse, attend un ascenseur qui s'arrête à tous les étages avant d'arriver au rez-de-chaussée. ET là, elle se dit, non, elle ne pourra JAMAIS atteindre la sortie.
La tête lui tourne, elle se dit, bon, si elle tombe, au moins, elle sera déjà au bon endroit, y aura bien quelqu'un pour la ramasser. Alors elle décide d'y aller par étape. Tous les 10 mètres,
la Châtelaine pose ses fesses (
si si, même la divine Châtelaine dispose d'un arrière-train) sur un siège pendant trois minutes. Heureusement l'allée est pleine de sièges non occupés !!!!
Du coup elle patiente tour à tour devant les guichets de caisse, de chirurgie orthopédique, de chirurgie viscérale (là, elle se demande si toutes les bonnes femmes assises attendent pour se faire "remonter les organes"), de consultation diététique. elle teste aussi les sièges de la mini cafétéria qui se trouve juste avant les portes de sortie blindées.
Elle est en plein désespoir, comment va-t'elle atteindre la voiture??? Elle sort en se débrouillant pour profiter des portes déjà ouvertes par les personnes entrant dans l'édifice (et oui, on apprend grâce à ses expériences...). Et là, Ô miracle, encore des sièges, oui, juste avant les 50 marches à descendre cette fois-ci. Ils sont sans doute prévus pour les malades désirant s'aérer cinq minutes, observant les travaux et la vue splendide... Elle s'assied, sort son téléphone, appelle
le Châtelain, lui dit qu'
elle se trouve à l'Hôpital. Grave erreur,
il panique et pense qu'il est arrivé quelque chose à sa dulcinée. Elle le rassure de suite, mais fond en larmes en lui expliquant qu'elle est tellement fatiguée qu'elle est bloquée là, qu'elle ne peut pas descendre ces 50 p..... de marches puis remonter une côte de 17% puis aller jusqu'au bout du parking pour enfin trouver la voiture....
Elle pleure de fatigue et d'épuisement.
Il lui conseille de rentrer dans l'hôpital (
il n'a pas essayé de pousser ces portes, lui) et de dire à la première personne de l'hôpital qu'elle voit qu'elle n'est pas bien du tout et qu'il faut l'aider à rentrer à la voiture. Ou alors qu'elle se repose à l'intérieur de l'hôpital, et que si ca continue d'aller mal, elle le dise... bref... le discours qu'elle avait envie d'entendre.
La Châtelaine reste dehors, finit par se calmer et se reposer un peu. De toute façon, il allait bien falloir y arriver à cette voiture, car perchée là en haut de cette colline, personne ne pourra jamais venir chercher
la Châtelaine et les solutions proposées par
le Châtelain ne sont pas applicables. Elle se voit mal retourner à la salle d'attente des consultations diététique, passer devant les 10 personnes qui attendent et dire "ouh la la , je me sens mal, pitié aidez moi".
Bref, elle prend son ventre à deux mains (et son courage à deux pieds, car plus de mains dispo), et elle commence la lente descente des marches, puis la très très lente montée de la côte. Au bout de 12 ou 15 minutes de marche où un escargot l'aurait klaxonnée, elle aperçoit enfin, Ô miracle (c'est le second de la journée si vous êtes attentifs), sa voiture. Mais qu'est-ce qu'elle est loin...
Elle finit par y arriver.
Elle se repose.
Elle allume le contact et rentre chez elle tout doucement, ayant bien conscience que c'est totalement inconscient de prendre la voiture dans cet état-là.
De retour saine et sauve chez elle,
la Châtelaine s'allonge sur son lit et se dit, "
mon dieu, en plus la journée n'est pas finie, il faut que pour 15h30 la maison soit rutilante pour accueillir une visite d'un potentiel acheteur..." L'appart sera nickel et à l'heure de la visite, elle apprendra que celle-ci est annulée!!!
Envie de meurtre, désespoir, et finalement, le positivisme reprends le dessus. Au moins l'appart est propre et rangé, c'est agréable, et toujours ça de gagné!
L'aventure du jour était un peu longue, mais la Châtelaine espère qu'elle vous aura au moins fait sourire un peu de ses déboires...